The Witcher (ou le sorceleur) est d’abord né sous la plume du polonais Andrzej Sapkowski. Cette série de romans de dark fantasy met en scène le sorceleur Geralt de Riv dans un monde où les humains côtoient les monstres et d’autres créatures fantasmagoriques. Notre héros dès son plus jeune âge a subi des mutations auxquelles un tout petit nombre survivent en absorbant diverses substances qui l’ont rendu plus résistant à la douleur et à toutes sortes de poisons, plus rapide et plus fort que la moyenne. Pour la plupart des gens, il est devenu un monstre et traité avec mépris. Dans ce monde, la magie est présente, au service d’un petit nombre qui s’en servent pour mener à bien quelques intrigues à l’image de la loge des magiciennes. Dans cette contrée, la guerre et la pauvreté sont partout et les non-humains subissent une ségrégation de plus en plus violente. C’est donc dans un univers bien sombre que nous évoluons.

Geralt

(Geralt de Riv)

La série a été adaptée par CD projekt un éditeur de jeux vidéos jusque là presque inconnu. Je garde d’excellents souvenirs du premier opus avec ses graphismes déjà exceptionnels pour l’époque et surtout son intrigue aux rebondissements multiples. Je me souviens surtout avec un émotion de la poésie d’un chapitre qui se passe sur une île aux allures bucoliques couverte de champs de blé à perte de vue régie par la Dame du Lac. En revanche, je me suis arrêtée en plein milieu du deuxième opus : Assassins of kings rebutée par le gameplay plutôt orienté consoles. J’ai tout de même attendu avec une certaine impatience le tout dernier chapitre de la saga. Et honnêtement l’attente en valait la peine.

Dans The Witcher : Wild Hunt, nous incarnons une dernière fois Geralt dans une nouvelle quête. Et cette fois, l’enjeu est de taille car il doit retrouver Ciri, sa jeune protégée qui apparaît dès les premiers romans. Il considère cette apprentie sorceleuse comme sa fille. Celle-ci est une enfant de sang ancien ce qui signifie qu’elle peut voyager à travers le temps et l’espace. Mais à cause de cet héritage, elle est poursuivie par la Chasse Sauvage qui convoite ses pouvoirs.

Ciri

(Ciri)

The Witcher 3 est une sorte de bouquet final dans lequel on croise presque chaque personnage croisés dans les romans ou les jeux vidéos : Yennefer (l’amoureuse de toujours), Jaskier, Zoltan, Vernon Roche, Eskel, Vesemir, Triss …

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(Yennefer)

Le scénario se déroule comme un roman dont on tournerait frénétiquement les pages pour connaître la suite. Il faut cependant faire attention aux choix que l’on fait car certains dont on ne verra les conséquences qu’à la fin peuvent conduire certains personnages à la mort. En parlant de personnages, ils sont tous bien étudiés, attachants ou exaspérants mais jamais manichéens. Tout oscille entre gris clair et gris foncé. Il n’y a aucune solution miracle dans les choix que l’on fait. C’est ce qui rend le jeu intéressant et subtil.

En grande amatrice de contes et de légendes, je me suis régalée de découvrir tout le bestiaire tiré à la fois du folklore germanique, slave et celtique mais aussi celui emprunté à la littérature d’épouvante.

Les concepteurs érudits s’amusent aussi à parsemer le jeu d’un bon nombre de références romanesques ou cinématographiques (on voit même à un moment les anges pleureurs de Doctor Who) ou même vidéoludiques (« Il faudrait que je songe à rassembler mon groupe avant d’aller plus loin »). Bien malin celui qui arrivera à toutes les découvrir.

Ce que j’ai le plus aimé, ce sont les graphismes. Dès la première cinématique, j’ai su que j’allais adorer. Les paysages sont à couper le souffle quelle que soit la région dans laquelle on se trouve. A de nombreuses reprises, je me suis arrêtée simplement pour regarder tout autour de moi. Les ombres des nuages, les éclats du soleil se reflétant dans l’eau, le vent faisant bruiter les feuilles ou encore ce lever de soleil sur une mer de nuages en furie. C’est beau et même magnifique.

Les villes principales à l’image de Novigrad sont immenses et tentaculaires et on peut s’y perdre facilement. Elles fourmillent de détails, de couleurs et de personnages. Même les maisons ou les tavernes à l’extérieur comme à l’intérieur ont un style architectural qui leur est propre.

novigrad

(Novigrad, la cité tentaculaire dont on peut explorer chaque quartier)

La musique quant à elle habille magnifiquement les décors. Des chants tribaux, des musiques symphoniques, des envolées épiques. J’ai été émue d’entendre de nouveau le thème de la série repris avec des instrumentalisations multiples.

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(Quelques paysages pour rêver un peu)

Le jeu, même s’il dirige tout de même un peu le joueur lui laisse tout de même certaines libertés. Le monde est très vaste et presque sans limite. On peut se déplacer de plusieurs façons. Rapidement en utilisant des panneaux indicateurs, à pied, en bateau ou à cheval. J’ai adoré me déplacer au galop à travers la campagne pendant que le vent sifflait dans mes oreilles puis fondre sur mes ennemis l’épée au clair … Je m’égare.

Malgré l’univers sombre, les concepteurs du jeu parsèment l’histoire de moments hilarants. J’ai pour souvenir une certaine beuverie à Kaer Morhen ou un moment où pour suivre Jaskier on est obligé de parler à toutes ses maîtresses. Il y a aussi des instants d’émotion ou de tendresse pure que je n’aurais jamais pensé trouver dans un jeu vidéo. Je me suis retrouvée comme une idiote, les larmes au bord des yeux.

Cerise sur le gâteau, les concepteurs ont aussi gardé des minis jeux. Cette fois, le combat aux poings, la course de chevaux et le gwynt sont au programme. Le gwynt … Dès la toute première partie j’ai été accro à ce jeu de carte un peu à l’image de Magic. Combinaisons, stratégies … C’était pour moi une vraie bouffée d’oxygène et j’ai essayé d’y jouer avec tous les personnages qui se présentaient sur ma route.

Les extensions quant à elle prolongent admirablement le voyage.

« Heart of stone » parle d’un pacte avec un personnage dont l’évocation me fait froid dans le dos. Mis à part la première partie, il a une coloration épouvante/horreur que j’ai adorée.

Dans « Blood and wine », on est transporté au duché de Toussaint pour résoudre une affaire de meurtre. C’est une atmosphère bucolique où on évolue au milieu des vignobles. Mais ne vous fiez pas au décor enchanteur : le mal rôde.

toussaint

(Toussaint)

Pour résumer, The Witcher 3 clôt la saga du sorceleur en beauté. A la fin, j’ai eu l’impression de quitter des amis (que j’ai fréquenté durant six longs mois mine de rien) en attendant de refaire une prochaine partie.

Je me permets de vous signaler que si vous voulez en savoir plus sur l’univers, poser des questions, trouver des solutions ou tout simplement discuter à propos de la saga, vous pouvez venir faire un petit tour par ici.