D’emblée, les pieds cognent et les notes résonnent sur des rythmes entraînants. Les mots vibrent et résonnent et se font entêtants. Les chants résonnent profonds, ancestraux, universels. Ils sont un plaidoyer pour les liens, pour la nature, pour l’équilibre, pour les bras qui se tendent et surtout pour la vie. Mille ponts résonne d’un bout à l’autre comme le battement d’un millier de pieds tapant à l’unisson la mesure. D’ailleurs, les premiers sont ceux des multiples chatons qui ont donné un coup de patte pour réaliser ce bel album : Thierry Chazelle, Morikan, Guillaume Clary, Bruz, Nicolas Allemand et un bon nombre encore … La voix d’Amélie-les-crayons s’écoule limpide et douce, sublimant ses chansons. Et toujours une pléthore d’instruments tous plus étonnants les uns que les autres arrangés d’une main de maître par Olivier Longre.
Depuis quelque temps, je l’attendais comme la lettre d’un vieil ami avec une impatience nourrie par les concerts. Amélie est émouvante autant que mouvante et chaque album est un renouvellement. Déjà, le fabuleux dessin de couverture aux couleurs bariolées donne le ton.
Mille ponts s’articule en douze chansons, douze portes sur le rêve. L’album est un voyage jalonné par le rythme qui en peuple chaque parcelle. Il est présent dans l’articulation entre les mots, dans les pieds qui battent la mesure ou encore lorsqu’on parle de lui pour célébrer la vie.
Parfois, le rythme devient danse. Une danse qui rassemble, qui créée l’unité et fait tourner le monde. Et l’on surprend nos pieds qui battent la mesure tandis que notre esprit s’évade et rêve d’entrer à son tour dans la ronde. (« Le bal des vivants »).
Parfois, le rythme marque le temps : temps passé, temps présent, temps immémoriaux . Parfois même, il s’incarne pour enchanter les êtres et les entraîner au delà du temps vers celui des légendes (« Laleina »).
Parfois, le rythme se fait doux, célébrant la tendresse du quotidien. Il se fait caresse comme sur la joue d’un enfant pour nous parler d’amour qu’il soit filial (« Madame ») ou faisant fi des différences dans les couples (« L’escalier »). Il se fait aussi nostalgique, revenant sur l’enfance et sur celle qui, avec tout son amour a fait ce qu’elle a pu (« Le secret »).
Parfois, le rythme se fait grave et porte des messages à bout de souffle pour alerter sur la destinée de notre planète bleue qui vacille alors que prospèrent les richesses (« Y a plus de saison », « Le vent dans les éoliennes »). Mais il parle aussi de ceux qui se retrouvent pris dans la violence des conflits (« Un enfant ») et pour qui la terre dans laquelle dorment leurs racines se retrouve réduite à un champ de ruine et qui n’ont aucune autre option que de partir ou de laisser partir les siens (« Mon pays »).
Parfois le rythme s’étend jusqu’à l’infini de même que l’espace. Il défile comme un comète, survolant des lieux magnifiques et terribles (« La poudrière »). Il se fait aussi contraire et paradoxal (« Tout dans tout »). A la fin, il s’affranchit des limites, devient universel, cosmique et c’est la voix des chamanes qui murmurent à nos oreilles et nous rassemblent tous (« Mille Ponts »).
Mille ponts est une célébration, un hymne à la vie, à l’amour, à la terre, aux liens. Un album à la fois terrestre et cosmique dont le rythme résonne encore longtemps après la fin de l’album.
Amélie-les-crayons a bien grandi, se renouvelant sans cesse comme un flamboyant phénix et toujours avec la même émotion qui la caractérise.
Ps : et si vous voulez en savoir plus c’est par ici et par là aussi.
1 Ping