C’est flippant, glauque voire malsain et violent et plusieurs fois, je coupe le son et regarde autre chose le temps que les scènes se passent. Une fois même, j’ai laissé la saison en cours de route parce que je ne supportais plus ce que je voyais. Mais je dois bien l’avouer : j’aime cette série et pour plusieurs raisons.
Déjà pour ces personnages et les acteurs qui les incarnent. Jessica Lange, Sarah Paulson, Kathy Bates, Evan Peters, Angela Bassett et tous les autres. Ce sont des caméléons qui changent de peau à chaque saison. Parce que oui, au lieu de proposer la suite d’une intrigue qui marche, les scénaristes prennent le risque de changer chaque fois d’histoires. Les acteurs sont les mêmes mais pas leurs personnages. Le psychopathe de la première saison devient le héros de la seconde pour devenir un monstre dans la troisième … Mieux encore, il arrive que dans la même saison un acteur interprète deux rôles différents. Et sans jamais se perdre. Les personnages sont tous en nuances. Même le pire des salauds laisse transparaître un vestige d’humanité. Il n’y a pas de blanc ou de noir, simplement du gris foncé. Il y a des monstres mais ils ne sont pas forcément ceux que l’on pense. A eux tous, ils incarnent les reflets d’un monde malade qui court lentement à sa perte.
Il y a aussi les intrigues que l’on pourrait qualifier de classiques : une maison hantée, un asile, des sorcières, des freaks, un hôtel, une maison dans les bois et des clowns. On pense à Amytiville, Shinning, Blair Witch, It, La caravane de l’étrange, Détour mortel ou d’autres joyeusetés du genre. Mais à chaque fois, les auteurs attrapent les poncifs à bras le corps pour mieux les détourner et les intensifier. Et au travers se glisse une acerbe critique de la société. Hypocrisie, voyeurisme, homophobie, racisme, désinformation, course à la célébrité, port d’arme, culture de la peur, état sécuritaire… rien ne nous est épargné. La saison en cours nous plonge même dans l’Amérique au lendemain de la victoire de Trump. Parfois, les personnages font face ou sont balayées comme des victimes expiatoires. Vivant ou non, personne ne sort indemne.
Tout cela est sublimé par une caméra et une bande-son exceptionnelles. Des plans d’ensemble, des travellings soudains, des gros plans sur les visages, des flous qui masquent l’indicible pour effrayer encore plus ou des images crues : tout concourt à immerger le spectateur de même que le travail de la lumière et du son.
En bref, même si elle n’est surtout pas à mettre entre toutes les mains, cette série est odieusement efficace et captivante. A en trembler de plaisir …
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