Un livre, plusieurs pages qui se tournent au gré des mélodies, bercées par le son inimitable de cette harpe qui ne la quitte pas. Loreena Mc Kennitt nous transporte au gré des notes d’histoires en histoires qu’elle tisse au fur et à mesure que se déroule l’album. Des mélodies aux accents celtes, slaves ou encore méditerranéennes. Et dans le livret pour donner corps à chacun de ses morceaux, elle livre les clés et les histoires qui l’ont inspirée au fil de ses voyages, dévoile avec humilité ses réflexions sur le mondes et la vie ainsi que ses doutes.
Une voix, une harpe discrète, un tambour du désert dont le rythme semble calqué sur les battements d’un cœur et parfois un autre instrument venu d’ailleurs. Le Prologue donne le ton. Cette fois encore, l’artiste entrelace les influences de l’occident ancien et de l’orient mythique.
The mummer’s dance … Un tambour envoûtant qui nous transporte peut-être jusqu’en Russie. Les pleurs d’un violoncelle, les appels de la harpe et la voix envoûtante. On s’imagine sans mal la danse des comédiens ambulants sous leurs masques blafards.
Skellig se fait plus calme, devient complainte. La flûte, la harpe et la voix s’entrelacent en arabesques comme l’encre sur les pages des livres des moines des îles Skellig. Bercés par la mélopée des vagues, les moines copient. L’ambiance est au silence et la méditation.
Marco Polo nous saisit et nous emporte dans un orient lointain. Nous sommes au bord d’une caravane, sur la route des Merveilles. Un rythme et des mélodies entêtants qui se répètent à l’envie en se complexifiant.
Avec The Highwayman, Loreena Mc Kennitt se lance une nouvelle fois dans la mise en musique d’un long poème. Ici, c’est du poème éponyme de Alfred Noyes dont il s’agit. Un morceau épique dans lequel on devine les ombres des forêts d’Angleterre qui entourent le drame qui se joue.
La Serenissima se fait berceuse pour évoquer Venise, ses lumières particulières, ses canaux, ses radeaux et ses souffleurs de verre. Et ses contours sont noyés sous la brume.
Night ride across the caucasus nous transporte dans les Balkans. L’atmosphère se déploie, inquiétante et envoûtante. A travers elle, l’artiste se livre à une réflexion sur la science qui pousse les limites de l’entendement humain, vers l’invisible. Elle se penche surtout sur l’histoire de ces alchimistes. Elle s’intéresse alors à la musique qui devient elle aussi une porte vers l’ailleurs.
Dante’s prayer … Plusieurs voix qui s’élèvent. Descendent-elles du ciel ou montent-elles des enfers ? Car, c’est d’un enfer dont parle cette chanson. Celui de Dante. L’artiste pour l’écrire s’est embarquée à bord du Transsibérien. Des paysages et des visages défilent. Et à travers elle, une question : qu’est-ce que la condition humaine ? Que devenons-nous sur cette terre ? Dieu, nous aurait-il oubliés ? « S’il te plaît, souviens-toi de moi. », résonne plusieurs fois comme une prière et une plainte s’élève reprise de nouveau par le chœur.
Et c’est là-dessus que « Le livre des secrets » s’achève, nous laissant à jamais bouleversés.
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