Il s’agit de l’adaptation du roman graphique de Marjane Satrapi. L’adaptation ou plutôt la sublimation. Les vignettes s’animent, les personnages prennent voix et vie.
Persepolis, c’est donc l’histoire de Marjane et celle de son pays. Un pays qui passe de l’horreur d’une dictature militaire à celle d’une dictature religieuse. Très jeune, elle pose un regard à la fois naïf et acéré sur le monde qui l’entoure. Très vite, elle et sa famille sont rattrapés par l’histoire. Elle voit son oncle adoré mis en prison sous le régime du Shah libéré pendant la Révolution puis emprisonné de nouveau et exécuté par le nouveau régime totalitaire. Elle voit les libertés disparaître les unes après les autres et la place de la femme devenir précaire dans la société. Elle voit son pays entrer en guerre et le gouvernement encourager les jeunes hommes à mourir en martyr pour leur pays. Malgré tout, elle et sa famille continuent de résister, de vivre, même s’ils doivent se cacher pour garder leurs libertés. Et c’est là une grande partie de la beauté du film.
Se pose aussi la question des racines et du pays que l’on transporte avec soi. Envoyée en Autriche pour fuir la guerre, Marjane découvre le regard que les autres portent sur son pays. Et si elle le renie dans un premier temps, elle finit par relever la tête et revendiquer ses racines. Et en parlant de racines …
Il y a dans la bande-dessinée et dans le film le personnage que j’aime le plus. Il s’agit de la grand-mère de Marjane. Pour moi, c’est le personnage central, le pilier. C’est celle qui apprend à sa petite fille à rester belle, digne et intègre. Elle représente à la fois le présent, le passé et le futur. Elle porte sur les événements et les gens un regard philosophe, acéré, lucide plein d’amour et d’humour. « Écoute… Je n’aime pas faire la morale, mais je vais te donner un conseil qui te servira à jamais. Dans la vie tu rencontreras beaucoup de cons. S’ils te blessent, dis-toi que c’est la bêtise qui les pousse à te faire du mal. Ça t’évitera de répondre à leur méchanceté. Car il n’y a rien de pire au monde que l’amertume et la vengeance. Reste toujours digne et intègre à toi-même. », dit-elle à sa petite fille avant qu’elle s’en aille.
Ce qui fait aussi la force du film et de la bande-dessinée, c’est l’humour. Un humour qui fait parfois grincer des dents, un humour qui fait rire et un humour qui fait sourire dans les situations les plus désespérées. Un humour qui clame haut et fort que même dans les heures les plus sombres, il y a de l’espoir malgré tout.
L’animation est magnifique, parfaite, tout comme la musique et les doublages. Il y a des vrais moments de grâce emplis de bonheur, d’amour, d’humour et de poésie.
Ce film, malgré les heures sombres qu’il décrit est lumineux et magnifique en plus d’un très bon témoignage historique. A voir absolument !
Et en bonus, la bande-annonce 🙂
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