Difficile quand on s’appelle Sauveur de ne pas se sentir prédestiné pour aider son monde à tourner plus rond. C’est qu’il a beaucoup à faire avec ses patients et Lazare, son petit garçon. Sauveur Saint-Yves, une quarantaine d’années, psychologue-clinicien de son état, originaire de Martinique, 1m90 pour 80 kilos de tendresse a assez de force et surtout de tendresse pour porter les gens à bout de bras. Parce qu’il en faut entre Margaux qui se scarifie, Ella qui ne se sent pas bien dans sa peau de fille, Cyrille qui n’arrête pas de faire pipi au lit ou encore trois enfants qui vivent mal le fait que leur maman se soit mise en couple avec une femme ou encore Gabin dont la maman souffre de schizophrénie. Et aussi quelques hamsters. Tout ce petit monde gravite autour de Sauveur qui a déjà fort à faire avec sa vie personnelle entre le fait qu’il élève seul son petit garçon depuis la mort de sa femme et qu’un mystérieux inconnu lui envoie d’étranges menaces en écho avec son passé.
Comme dans ses précédents ouvrages, Marie-Aude Murail offre une magnifique galerie de personnages touchants par leur humanité. Pas des super héros mais des gens du quotidien qu’on prend un immense plaisir à côtoyer au fil des pages. Si on rit et on s’attendrit beaucoup au fil de l’intrigue, on se questionne aussi. Sauveur et fils parle du racisme, de la dépression, de l’homoparentalité, du deuil, de la transidentité, des réfugiés mais aussi de la force de l’amour et de solidarité. Tout cela sans jugement ni pathos. Bien sûr, il arrive parfois qu’on sente son coeur se nouer et les larmes affluer mais ces moments sont vite compensées par des douces embellies.
Et puis, il y a Sauveur qui a lui seul semble incarner toutes les valeurs de l’auteure. Il est doux, courageux, tolérant et, quand il le faut sait reconnaître ses erreurs et sa vulnérabilité, ce qui le rend encore plus beau. Pour moi, il se range aisément dans la liste des personnages que j’aime le plus aux cotés du Petit Prince, de Kamo et de Miles Vorkosigan.
Un coup de cœur magnifique. Par chance, il me reste encore trois tomes (le deuxième est malheureusement bien entamé).
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