Quelques heures avant la fin du monde Arthur Leander meurt sur scène sous les flocons de neige artificiels. Quelques heures plus tard, la grippe de Géorgie tue 99 % de la population mondiale. Tout s’arrête, même le décompte du temps.

Puis tout reprend différemment. Plus d’électricité, plus d’avions dans le ciel ni de voiture sur les routes, plus d’internet ou d’ordinateurs. Se déplacer est devenu hasardeux, voire même dangereux par endroits. Et pourtant …

Depuis des années, la Symphonie, une troupe d’artistes ambulants voyage de villes en villes en jouant du Shakespeare et du Beethoven en souvenir d’un autre temps. Autour d’eux, des communautés se sont créées dans des villages éparses. Certaines vivent en harmonie, d’autres sont basées sur la loi du plus fort et certaines ont vu des fanatiques religieux prendre le pouvoir. A Saint Deborah by the water, un homme qui se fait appeler « prophète » a pris le pouvoir. Lorsque la Symphonie s’arrête dans le village afin de retrouver deux membres de la troupe, ils trouvent l’endroit changé et les gens effrayés. Leurs amis se sont enfuis. Pire encore, alors qu’ils reprennent précipitamment la route, le prophète se lance à leurs trousses …

Station Eleven est le récit d’une fin d’un monde mais pas de sa beauté. Là où s’installe la barbarie et l’obscurantisme, la Symphonie apporte la lumière des Arts. A coté de ce récit qui ramène au présent, nous suivons Arthur Léander le premier dépositaire de « Station Eleven » un mystérieux comics. Nous voyons un artiste en mal de reconnaissance qui même au sommet de sa carrière doutait de sa place. Nous suivons aussi les gens qu’ils a côtoyés.

Le récit est long sans être lent. Nous avançons au pas de cette Symphonie allant à pied à coté de roulottes tractées par des chevaux. La plume est nostalgique, alerte et poétique. Nous nous surprenons à marcher avec ces hommes et ces femmes en rêvant du monde d’avant. Et nous les imaginons installant le décor de leur théâtre ambulant à la lueur d’une centaine de bougies. Puis on entend la douceur fugitive de leurs instruments et de leurs voix. L’espace d’un instant, nous aurons moins froid et moins peur. Car nous serons avec les membres de la troupe. Et nous nous sentirons heureux de savoir que si le monde sombre, il en subsistera peut-être sa beauté …