« Avant le commencement, après la grande guerre entre le ciel et l’enfer, Dieu créa la terre, et la plaça sous l’autorité du grand singe malin qu’il nomma Homme. A chaque génération naquirent un être de lumière et une créature des ténèbres. Des grandes armées s’affrontèrent, dans cette guerre ancestrale entre le Bien et le Mal. Il y avait de la magie, de la noblesse, et une inimaginable cruauté. Jusqu’au jour où un faux soleil explosa dans l’univers. L’homme échangea alors pour toujours l’émerveillement contre la raison. »

Tels sont les premiers mots de la série, prononcés par Samson, le porte-parole du mystérieux directeur de la caravane qui décide de l’itinéraire de la troupe. En 1934, lorsqu’elle s’arrête dans l’Oklahoma pour venir en aide à Ben Hawkins, jeune homme qui vient de perdre sa mère et qui voit sa maison détruite, ce n’est pas par hasard. Car Ben Hawkins est une personne très spéciale … Incorporé à la petite troupe de forains, il apprend à les découvrir. Il y a l’inquiétant professeur Lodz aveugle clairvoyant, Sofie la diseuse de bonne aventure, Lila la femme à barbes, Rita Sue et son numéro érotique et bien d’autres. Dans une autre ville, le prêtre frère Justin possède lui aussi des étranges pouvoirs.

La série a l’originalité de se passer en 1934, pendant la Grande dépression. La Caravane chemine au milieu de toutes les âmes errantes et désemparées que la misère a jeté sous les routes avec pour tout bagage les cailloux de la route et les désillusions.

Carnivale raconte l’affrontement sans pitié entre bien et le mal. Pourtant, la série est loin d’être manichéenne. Chaque personnage possède sa part d’ombre et de lumière. Les forains ont un code d’honneur et des règles qui leur sont propres. On suit avec plaisir ces êtres singuliers, ballottés au gré des routes. Chacun à l’image de Ben Hawkins et de Frère Justin possède une évolution qui lui est propre.

Carnivale est une série mystique qui met en place sa propre cosmogonie. On parle de bible, de Bien, de Mal, d’enfer et de paradis. Mais on se rend bien vite compte que les frontières entre les antagonistes sont parfois beaucoup plus ténues qu’on ne l’imagine.

La série fut abandonnée au bout de deux saisons, sacrifiée pour permettre à HBO de concentrer ses efforts sur Rome, leur série historique. C’est bien dommage, car la fin de la deuxième saison laissait entrevoir de belles perspectives. La série laissera donc le goût de la poussière des routes et de l’inachevé. L’obscurité tombe sur les lumières de la fête …

En bonus : le trailer de la série.