Aujourd’hui, je voulais vous faire découvrir l’univers d’Evelyne Gallet que j’ai eu la chance infinie de découvrir à Thou bout d’chant (vous ais-je déjà parlé de cette mythique salle ? 😉 https://wordpress.com/post/lantredelanonne.wordpress.com/74). Un univers empli d’émotion, de poésie, d’humour gouailleur et corrosif porté par une voix belle et puissante tout comme les histoires qu’elle raconte et une instrumentation soignée et toujours à propos.

L’album s’ouvre et s’envole avec « L’oiseau » qui parle de l’amour libre, tendre et fort sur une musique de Jeanne Garraud. Chacune des paroles me touche par sa douceur et sa poésie avec ce passage sublime « J’ai goûté loin de toi des moments d’allégresse. Je m’en excuse un peu mais j’y regoûterai. Et rien n’empêchera mes retours de tendresse. Lorsque deux fois plus vite que le vent j’irai. Sous mon aile calmer ta détresse. »

« Les vieux amoureux » parle de l’amour quand il vieillit et devient routinier, une habitude. « Ils se retrouvent au soir pour compter les moutons. Devant l’écran de leur télévision. La soupe est toujours bonne mais c’est toujours toujours la même. »

Avec « Les gens », Evelyne Gallet dissèque les opinions et les cancans avec une justesse corrosive et toujours pertinente. « Des belles phrases toutes faites. Qui se jouent des partis, des clivages. De beaux refrains que l’on répète. Qui sont d’universels messages. »

« Lingerie fine » est doucement coquine et impertinente. Mine de rien, on peut apprendre beaucoup des gens grâce à leurs sous vêtements. « On dit tout dans ces cabines d’essayage. Comme un confessionnal  tout en dentelles et voilages. »

« Dans mon pays » me donne met toujours les larmes aux yeux. Elle parle de l’exil et de la  musique qui parfois compense, qui permet de garder des liens avec le pays adoré. « Y’a que trois cordes à mon banjo pourri. Une qui pleure, une qui rêve, un’ qui rit. Celle qui pleure je fais semblant qu’elle rit. Celle qui rêve j’en joue qu’dans mon pays »

« L’épouvantail et l’hirondelle » raconte une histoire d’amour atypique et douce qui se fiche des conventions. « L’épouvantail est amoureux d’une hirondelle. Mais il a honte d’être si mal attifé. Aussi dès qu’il entend le moindre battement d’ailes. Il fait tout pour ne pas se faire remarquer. »

Avec « De la compréhension du punk », Evelyne Gallet passe au vitriol toutes les questions et idées reçues sur les punks. « Comme la poule, le punk a une crête mais on le dit plus évolué. On dit que le punk est moins bête, on dit que le punk sait voler. »

« Blanc cassé » parle de l’histoire d’une femme battue qui commet l’irréparable pour s’échapper de son enfer. C’est âpre, dur et pourtant tellement vrai.

Avec « Je n’suis pas », nous avons un catalogue de propositions pour changer la planète. De l’humour et des idées pas si bêtes que ça. « Plus de crise économiste. Sans le fric, sans le fric. Plus de marchés financiers. Qui nous marchent sur les pieds. Plus de tiers prévisionnel. »

« BBE », des verbes juxtaposés et voilà tous les tracas d’une maman surbookée jusqu’à l’implosion exposés. « Métro, boulot. Travail, enfant, patrie. Chouiner, langer, moucher. »

« La Louve », toute en retenue, la louve se fait mère pour son enfant. C’est beau, tendre, émouvant. « C’est de mon ventre, de mon antre, de mon corps. C’est dans mon antre, sur mon ventre que tu dors. »

En bref, un bel album doux, fort et sensible. Une vraie pépite.