Dégingandé et androgyne, Chet dans un bar délabré revisite les classiques de jazz d’un temps oublié. Il a un cœur d’artichaut dans lequel les soupirants passent mais ne s’installent jamais. Il n’arrive pas à s’attacher. Peut-être parce qu’à l’instar de Kaï, le héros de la Reine des neiges, il a un éclat de glace fiché dans le cœur. Ou peut-être que depuis le départ de Tess, il vit comme en hiver. Pourtant, à Paris, depuis la catastrophe, il fait horriblement chaud. La végétation a colonisé la ville, la rendant méconnaissable et dangereuse. Elle est devenue le repaire de bandes organisées et de groupuscules étranges. L’enfer dans lequel évoluent des adeptes à qui la chirurgie esthétique a enlevé toute trace d’humanité existe même sur terre. Une nouvelle drogue fait des ravages. Et bien sûr, c’est à Chet que l’on va demander d’enquêter sur tout ça. Lui n’a plus rien à perdre.
Un éclat de givre est un roman subtil, peuplé de personnages étranges et attachants. On avance avec plaisir dans ce Paris renouvelé dans lequel les acrobates ont installé leurs couleurs à Notre Dame et la végétation a envahi Montmartre. On suit Chet et son esprit torturé et tortueux. Il se fait notre guide et par ses yeux se déroule les fils d’une intrigue complexe. On apprend aussi, grâce à lui la façon tristement crédible dont notre monde a basculé.
La plume d’Estelle Faye est toujours aussi poétique et subtile. Elle émerveille une nouvelle fois avec ses personnages subtils, jamais d’un seul bloc. Elle dépeint avec justesse, des hommes et des femmes qui survivent comme ils le peuvent dans un monde détruit.
Une nouvelle fois un très bon roman dont on ne sort pas totalement indemne.
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