Aslak vit avec sa maman dans un village de Norvège à coté d’une grande et sombre forêt. Un jour, son jeune voisin lui montre deux brebis sauvagement mutilées et prétend que c’est l’œuvre d’un loup-garou. Pour le petit garçon, c’est une occasion de s’échapper dans l’imaginaire pour échapper à un drame dont il ne comprend pas vraiment les tenants et aboutissants : son grand-frère activement recherché par la police pour faits de violence est retrouvé mort. Pour Aslak, laissé dans l’ombre de ce frère absent, les deux histoires drames dont il est le témoin ne font qu’un : tout ce qui se passe est en rapport avec l’immense forêt où vivent les monstres. Un jour, Rapp le chien d’Aslak disparaît et le petit garçon se lance à sa recherche. Ainsi commence le conte …
Peu d’action, peu de paroles, peu de personnages, seulement la forêt. Au début, on la voit de très haut pour montrer son immensité puis on découvre ses abords puis sa lisière. Déjà, elle semble bien mystérieuse et quelque peu effrayante. Puis peu à peu, on la découvre en même temps qu’Aslak s’enfonce dans ses tréfonds. Elle devient une sorte de personnage, organique et sauvage. Peu à peu, Aslak se perd. Il a peur, il a froid. Et la forêt devient magique. On ne sait plus si ce qui se produit a lieu dans l’esprit du petit garçon ou dans la réalité. A l’image de cette barque sur la rivière que l’on pourrait penser totalement onirique sur laquelle l’enfant s’allonge et s’endort alors que l’esquif est emporté par le courant. Est-ce sur la berge d’un autre monde qu’il accoste en se réveillant ? Et qui rencontre-t-il ? Ne cherchez pas, vous n’obtiendrez aucune réponse.
The valley of shadows est contemplatif et sa lenteur pousse à la réflexion. Derrière sa poésie et sa beauté, le film parle du deuil et des non-dits. La maman d’Aslak lui interdit d’entrer dans la chambre de ce frère absent mais reste murée dans son silence. Les personnages communiquent très peu. D’ailleurs, la plupart d’entre eux ne sont que des visages esquissés et rapidement croisés. En revanche, la caméra s’attarde sur le visage d’Aslak et on lit toute sa peine et ses doutes sur le monde qui l’entoure. L’innocence face au deuil. Blond et diaphane, c’est un éclair de lumière dans la forêt immense et sombre. La forêt quant à elle, à l’inverse est présentée dans son immensité. Elle peut être effrayante et hostile habitée par une multitude de bruits. Mais elle renferme aussi une vraie magie. A travers elle, l’enfant affronte les ténèbres de son deuil et en ressort grandi.
The Valley of Shadows est un film magique (à l’image de son affiche magnifique) qui se laisse savourer lentement. Ouvrez vos yeux et vos oreilles … Et prenez votre temps.
En bonus : le trailer du film (qui le fait passer pour un film d’épouvante qu’il n’est pas). 🙂
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